[fini] Une tasse de chocolat chaud [PV Miles]

"Crétin !!!!!!!!!"

Une voix relativement énervée s'adressait à un jeune homme qui paraissait perdu et désolé. Une voix légèrement aiguë sous le coup de l'énervement, une voix aux teintes nuancées, une voix enveloppée d'un parfum si identifiable lorsque l'on le connaissait. Une voix de velours, qui n'était autre que celle d'une jeune fille pâle au regard chocolat envoûtant. Son nom était July, et elle paraissait en colère. Elle avait de quoi. Le jeune homme en face d'elle venait de lui dérober un baiser sans son autorisation, chose tout à fait insupportable. L'idée que sa tenue ou que son attitude ait pu amener cette situation ne l'effleura même pas. Ce n'était pas une simple robe noire longue, bien que moulante, qui avait pu provoquer cela... non ?...

Vexée, il était étonnant de pouvoir remarquer que malgré sa position, malgré son statut de femme fatale, malgré son métier et tout ce qu'elle faisait, le rouge empourprait ses joues. C'était la première fois que cela lui arrivait, aussi étrange que cela puisse paraître... D'habitude, elle anticipait toujours... Et qui dit anticipation dit prévention. Les gifles suffisaient normalement, et quand c'était plus grave, un petit coup de poignard pouvait également fort ralentir les ardeurs d'un homme. Mais ce jeune imbécile qu'elle avait chargé d'une mission était revenu si heureux de l'avoir accompli qu'il avait cru possible de la toucher ! Surprise et de plus en plus énervée, July s'était contentée de lui lancer cette futile et enfantine insulte, qui avait apparemment suffi à le faire fuir. Elle se tenait désormais dans un café de Sacred Oaks. Il faisait beauc mais July ne cherchait pas le soleil. Sa tasse de chocolat chaud fumait devant elle, et ses mains tremblaient légèrement. Son ire n'était pas seulement due à l'acte du garçon mais aussi à sa propre réaction, non digne de la femme fatale qu'elle était censée représenter, et de son manque d'anticipation. Bref... Elle était furieuse...

Son regard parcourut la salle, ni vide ni bondée... Quelques clients grignotaient des biscuits ou autres croissants, rien d'alarmant, personne ne semblait avoir remarqué son petit intermède. Tant mieux. Rien que de le savoir, elle se sentirait couverte de honte. Apportant la tasse en porcelaine à ses lèvres, July avala lentement une gorgée sans vraiment prêter attention à ce qui l'entourait. Qu'avait-elle fait ?! Elle aurait sûrement mieux fait de remplir la mission elle-même... Mais ces derniers temps, l'idée d'une simple mission banale l'ennuyait... Elle voulait quelque chose de nouveau, elle voulait... de l'action ? L'impression que tous ceux autour d'elle la rejetaient n'était pas non plus un très bon ingrédient pour remédier à sa semi-dépression. Etait-elle trop prétentieuse ? Trop arrogante ? Trop agressive ? Trop menaçante ? Trop dangereuse ? Trop seule ?... Ruminant ses sombres pensées, July but une nouvelle gorgée. Le liquide chaud se répandit dans sa gorge, comme une maigre et inutile tentative pour réchauffer un coeur froid et vide depuis déjà bien longtemps...

Ah, quelle journée une fois de plus... S'il avait su cela, Miles ne serait même pas sortit de ce qui lui servait de lit ce matin, oh que non. D'abord, il fut réveillé par l'inspecteur Malone, un gros rond de cuir pourri jusqu'à la moile e tqui se vantait à tout va d'être le grand, le seul et l'unique second du chef de la police. Néanmoins, quand on voit dans quelle décadence il baignait constamment, on se demandait où était l'honneur la-dedans. Enfin, quoiqu'il en soit, ce quarantenaire bien grassouillet avait extirpé notre emrcenaire de son sommeil tout ca pour une histoire de contravention inventé de toutes pièces. En réalité, chaque habitant de Sin City n'étaient à l'abris de ce genre de visite de la part de la police. On vous signale que vous avez une floppée d'amende impayée et que si vous ne versez pas immédiatement tout le salaire que vous avez en poche à l'agent venant vous rendre visite, vous fouttez le camp en taule pour un bon petit temps. Hum, d'un côté, cette combine arrangeait pas mal de personnes, surtout ceux n'ayant pas de quoi vivre décemment. Une fois en prison, ils étaient un minimum logis et blanchis comme on dit. Mais Miles ne faisait pas partie de ce genre de personnes et, aprés une longue entrevue d'une demi-heure, il du se résoudre à verser la dernière paye de son comptoir pour effacé son ardoise inexistante.

Quoiqu'il en soit, la journée ne commencait pas sous les meilleurs auspices pour notre ami qui, afin d'oublier cette mauvaise rencontre, décida d'aller se prendre une bonne douche. Le pied, la canalisation était pêtée. Pas moyen d'avoir de l'eau, même pas une goutte... Bon, ben, le voilà obligé d'aller se rendre dans un motel pour se rafraîchir. Autrement dit, payer une chambre pour toute la journée juste pour une dizaine de minute sous la douche. Enfin, à ce prix là, il pouvait même se permettre de passer toute la journée sous ladite douche mais, ces imprévus avait ruiné notre ami. Et qui dit plus un sous, dit recherche d'un travail, même le plus minable qu'il soit. C'était un peu dans ce sens que l'on pouvait qualifier Miles d'assez spécial dans son genre. Un grand professionnel que vous pouviez voir au coin de la rue en train de livrer le journal de la vieille mamy babster, paralysée des jambes et, de ce fait, ne pouvant sortir de chez elle. Ou encore, avoir un petit argent de poche pour promener le chien d'une jeune Toby parti en vacances pendant une semaine... Vous parlez d'une déchéance...

Mais bon, question d'enfoncer le cou encore un peu plus, Miles passa le clair de son temps à flâner en rue sans rencontrer la moindre personne ayant besoin d'un quelconque service. Enfin, n'en n'ayant pas besoin. C'est surtout que les 'honnêtes' citoyens n'osaient même pas sortir de chez eux, ne fut ce que pour aller travailler. Faut dire, c'était vraiment la guérilla dehors, fallait vraiment être cinglés pour se promener dehors comme le faisait Miles mais, à croire que, avec une chance divine, les balles l'évitaient volontairement. Son seul brin de chance fut alors un mec se faisant abattre à deux mètres de lui par une bande de noir passant en voiture à toute vitesse, laissant alors le cadavre giser sur le trottoir comme s'il ne s'agissait que d'un vulgaire trognon de pomme. Mais, où est la chance là dedans? Et bien, tout simplement par la présence du portefeuille de la victime que Miles subtilisa et dans lequel se trouvait une vingtaine de dollards. De quoi ainsi pouvoir aller chercher sa pizza et boire son petit amaretto, comme tous les jours...

Sur ce, c'est donc en fin de journée que, par hasard, ses pas le conduisirent dans un petit bar tranquil et pas trop fréquenter de Sacred Oaks. Si son brin de chance persistait, il ne rencontrerait pas cet énergumène de Wolfwood, même personne. Mais bon, inutile d'y penser. Rien que l'idée de la saveur de cet amaretto divinement dégusté était assez sacré dans le coeur de Miles pour qu'il supporte la moindre rencontre. Entre fait, il jetta alors son mégot de cigarette sur le trottoir avant de pousser la porte du bar, ne levant même pas les yeux sur les personnes présentes et allant prendre place, dans la plus grande simplicité qu'il soit donné d'être, sur un tabouret jonchant le bar. Dans sa somnolence traditionnelle, joliment feinté, Miles n'avait pas remarqué la présence de cette femme dont il avait fait la rencontre il y a une ou deux nuits de cela. Non. Tout ce qu'il perçu, c'est la vieille serveuse de cinquante ans, semblant refaite de partout par un chirurgien plastique incompétent et dont la voix plus que rauque venait à penser que ce n'était peut-être pas une femme en réalité...

"Un amaretto s'il vous plait..."

July n'avait pas remarqué l'entrée du jeune homme qu'elle connaissait depuis peu et dont le nom, ni le numéro de téléphone, ne s'étaient toujours pas perdus dans les méandres de sa mémoire, mais étaient simplement rangés dans un coin de sa tête. Absorbée par la surface de son chocolat chaud, la jeune fille observait les petites bulles qui éclataient, dégageant une légère fumée de cacao si délicieuse à respirer. Remuant parfois le contenu de la tasse à l'aide d'une petite cuillère, des vagues et ondes se formaient, ne rendant que plus attirante ce chocolat aux milles saveurs. Pourtant, lorsque Miles Standford demanda un amaretto, sa voix grave, qui l'avait tant marquée par son arrogance intempestive quelques nuits auparavant, la tira de ses songes gourmands.

Relevant la tête, July ne tarda pas à apercevoir la silhouette devenue presque famillière de l'homme. Cet endroit était si différent du premier... Rien de semblable entre une vieille banlieue délabrée aux multiples HLM grisaillants et un douillet café de Sacred Oaks dont les agréables senteurs sucrées se dégageaient de chaque table. En effet, strictement rien à voir. L'absence totale de rapport la fit même douter de l'identité du dit Miles. Après tout elle ne l'avait vu que de dos... Etait-ce bien lui ? N'ayant pas la moindre envie de réfléchir ni d'aborder qui que ce soit, la jolie brune appuya négligemment son coude sur la table et sa tête dans sa main gauche, dirigeant son regard à l'opposé du jeune homme, vers l'extérieur.

Cette journée était d'un ennui... mortel... Trop fade, trop nulle... En voyant passer à fond la caisse le jeune garçon qui l'avait embrassée quelques secondes plus tôt dans la rue, July ne put s'empêcher de sourire. Finalement, peut-être qu'elle n'aurait pas dû être aussi sévère avec lui... Peut-être aurait-elle dû le récompenser pour sa mission accomplie, ou peut-être même l'inviter à sa table histoire d'avoir quelqu'un avec qui parler non-affaires... Maintenant c'était trop tard. La nuit tombait doucement sur Sin City, et l'astre céleste terminait sa course dans la voûte céleste, disparaissant peu à peu derrière les hautes tours et les hauts immeubles noirs et gris de la ville. Etrange, comme un cimple coucher de soleil pouvait vous rendre nostalgique.

A force de tourner la cuillère dans sa tasse, July se rendit compte que son chocolat avait dû refroidir. Nouvelle pointe de déception et d'énervement en elle-même, et la jeune fille termina sa boisson si peu chaude... Se demandant ce qu'elle allait faire ce soir, July pensa avec mauvaise humeur à tous les lieux de Sin City possibles inimaginables. En réalité, elle aurait voulu rester dans ce café, s'endormir dans l'un des fauteuils rouges qu'elle voyait au fond, et pouvoir se réveiller le lendemain matin à l'odeur alléchante des petits croissants... De telles pensées la firent sourire. Elle se mettait à rêvasser sans penser aux conséquenses de ses actes... Evidemment qu'elle ne pouvait pas rester plantée là ! Jamais Sogu ne ferait cela, elle ne le ferait donc jamais non plus. La vie était parfois triste...

La nuit venait poindre de plus en plus dans le ciel de Sin City, les petits éclairages du bar se faisant alors de plus en plus intenses, néanmoins, sans devenir aveuglant. Ils vacillaient entre une lueur tamisée et celle d'une ampoule de 60watt éclairant de plein fouet votre repas du soir alors que vous vous trouvez attablé à votre table de salle à manger avec toute votre petite famille en train de regarder le journal télévisé ou encore le dernier jeu de télé réalité à la mode. Miles, lui, préférait cent fois plus cette ambiance de convivialité et, parfois, de débauche qui régnait dans les bars. Cela avait quelque chose de tellement humain et de tellement sentimental dirons nous pour le jeune homme. Comme si tous les meilleurs moments de sa vie avaient eu lieu autour d'une bonne table avec des amis qui lui offraient des verres et dont ils échangeaient alors le rapport sur les dernières conquêtes du moment ou encore, leur manière de voir les choses et les idées mises en avant pour changer ce monde pourri. Néanmoins, cet endroit, pour un gars comme pour Miles, marquait également la solitude et la tranquilité. Seul à ce bar, rien ne semblait pouvoir venir le déranger d'une quelconque manière que se soit.

BANG! Son verre d'amaretto fut déposer avec un manque de tact incroyable par cette vieille serveuse que l'on préférait voir la tête sous un sac à la place de lui commander quelque chose. Néanmoins, dans un ton digne d'un murmure, Miles la remercia tout en venant saisir le paquet de cigarette qui se trouvait dans la poche intérieur gauche de sa veste, ainsi que son briquet. Les vapeurs plus qu'éphémère de sa boisson alcoolisés atteignèrent rapidement ses narines alors qu'il donna naissance à unj nouveau cliqueti métallique en allumant sa cigarette avant de ranger ledit briquet. Et voilà, une bonne bouffée de mauvaise habitude et notre ami vint saisir son verre, le portant aec légèreté à ses lèvres pour en déguster une infime gorgée qui fit disparaître le quart du contenu du verre. Aussitôt le reposa-t-il sur le bar qu'il se fit alors accoster par un autre client qui vient lui demander alors une cigarette. Miles retira alors une longue bouffée sur sa clope, recrachant machinalement la fumée avant de baisser le regard sur son verre et de répondre.

"Désolé, je fume pas..."

Une fois de plus, son arrogance était de la partie mais bon, il n'était pas du genre généreux, surtout par des temps si dûr. Qui plus est, à voir la tête du junkie qui était venu lui demander une cigarette, ce ne serait surement pas pour la fumer mais telle qu'elle mais, plutôt de manière amélioré. Miles avait ses torts et était loin d'être un jeune homme des plus recommandables, néanmoins, il ne cautionnait pas toute tentative de drogue et, ce, sous quelle forme que se soit. C'est en partie qu'il ne s'était jamais mêlés aux affaires de la mafia. Le jeu, l'alcool, les femmes ou encore les règlements de compte. Tout ca était normal d'une certaine manière mais, la drogue était plus qu'un pêché, plus qu'un vice... C'était une auto-destruction voilontaire qui allait contre les lois de la nature.

Sur ce, Miles reprit alors son verre en main pour en resavourer une nouvelle gorgée, se laissant presque aller à penser au passé mais, il se ravisa rapidement. Les blessures étaient fermées et, les cicatrices de ces dernières semblaient tenir le coup. Autrement dit, ce n'était pas la peine de s'y retrouver confronter pour le moment. Autant se contenter de cet état inerte habituel au lieu de se prendre la tête avec des choses trop douloureuses pour être évoquées. Sur ce, une bonne gorgée d'alcool lui ferait disparaître tout cela de l'esprit mais, néanmoins, au moment même où son verre entra en contact avec sa bouche, il fut arrêté dans son mouvement par une certaine odeur sucré, unique en son genre, qui vint lui titiller les narines. Ce parfum... Se pourrait ce que..? ... Oui... Cette inconnue qu'il avait rencontré au coeur des HLM. La raison de sa présence importait peu Miles mais, sans savoir pourquoi, il la trouvait naturel, malgré les conditions dans lesquelles il avait pu la rencontrer. Sans doute que, même vêtue tel un ninja se dissimulant dans les ténèbres, cette demoiselle inspirait la grâce, la classe et le respect...

Mais que voulez-vous? Cela ne changera pas le destin de cette ville et, sans savoir si c'était elle, Miles termina sa cigarette en vidant son verre avant de demander avec nonchalance.

"Un autre s'il vous plait..."

Deux fois avait il parlé. Deux fois venaient ils d'offrir la possibilité à cette inconnue, si c'était bien elle, de le reconnaître et de, peut-être, venir jusqu'à lui pour faire un brin de causette. Y serait-il consentant ou non? ... Hum... Aller savoir... Néanmoins, ce n'est pas parcequ'il ne se bougeait pas le derrière qu'il serait contre de la revoir. C'est simplement qu'il ne la connaissait pas assez pour commencer à lui porter toute son attention. Et puis, depuis la disparition de sa fiancée, il y a environ trois ans de cela, aucune femme n'avait jamais méritée l'attention de Miles et, ce, d'une quelconque manière que ce soit... Pourtant, bien qu'il ne le montrait pas, ce sentiment de solitude qui s'était creusé de plus en plus profondément au creux de son coeur commençait fortement à le peser et à le ronger. Peut-être finirait-il dévoré de l'intérieur par ce dernier d'ailleurs...

Quelqu'un ne fumait pas ? Cette étrange parole sortit July une nouvelle fois de ses pensées. Puis en apercevant la lueur orangée et la fumée opaque qui s'en dégageait, la jeune fille fronça les sourcils et adressa, même de dos, un regard noir à l'inconnu, dont l'identité ne semblait d'ailleurs plus si inconnue que cela... La même arrogance... La même prétention et méchanceté à l'égard d'une personne qui l'abordait poliment. Les doutes pour qu'il ne soit pas lui se réduisaient peu à peu. Mais après tout, était-ce censer changer quoi que ce soit ? Non. Il était dans son coin, July dans le sien. Point final. Leur rencontre n'avait été qu'un vague souvenir informe, deux silhouettes dans un coin de banlieue, un carton jeté et rejeté, et c'est tout. Pourtant July devait l'avouer... C'était tentant de l'aborder. Tout d'abord pour recroiser à nouveau son regard si unique et étrange, bicolore... Que racontait-elle là ? Elle ? Revoir un homme parce qu'il lui plaisait ? Impossible... Alors peut-être juste pour pouvoir lui lancer un défi, pour le provoquer... Ou encore pour cesser de s'ennuyer dans ce café, qui même douillet et réconfortant, ne pouvait lui faire oublier sa solitude.

La jolie brune aspira lentement les ultimes gouttes de son chocolat chaud qui n'était plus chaud depuis longtemps, non pas parce qu'elle avait soif ou faim et que l'argent se faisait rare... Non, certainement pas... Mais parce que July voulait tout simplement retarder le moment où elle se lèverait probablement, où elle se dirigerait de sa démarche souple et gracieuse vers Miles Standford et où elle prononcerait le premier mot à son adresse. Une question la prit de doute. Se souviendrait-il d'elle ? Si oui, elle avait une chance sur un milliard pour qu'il l'accepte à sa table. Si non, ce serait la deuxième honte de sa vie. Tout compte fait, elle aurait dû se contenter de l'autre garçon. A croire qu'elle ne faisait que des mauvais choix ces derniers temps.

July soupira. L'un de ses soupirs lourds et longs, comme un signal stop à la destinée, vis-à-vis de toute future action pouvant s'avérer malchanceuse, dangereuse ou mauvaise. Stop les ennuis semblait-elle dire. Mais que pouvait-elle bien rencontrer de pire que l'ennui, qu'elle avait déjà ?... Rien... La question ne se posait donc malheureusement pas, sa situation ne pouvant s'empirer, elle n'avait aucune raison potable pour ne pas aller rejoindre Miles Standford.

La jolie brune se leva donc, lentement, et laissant un pourboire important, elle quitta sa table après avoir payé, slalomant entre le mobilier pour atteindre son but final.

"Vous ne fumez pas, vous ?" demanda-t-elle directement d'un ton sournois, insistant particulièrement sur le dernier "vous".

Son regard chocolat n'hésita alors pas, à sa grande surprise, à se perdre dans les prunelles bicolores de Miles. July adressa alors un faible sourire plus authentique et rajouta au vu de son air fatigué et mélancolique :

"Sale journée..." en murmurant, plus pour elle-même que pour le jeune homme qui lui faisait face.

July ne s'assit pas, premièrement parce que n'ayant pas été invitée à s'asseoir, elle ne risquait pas de désintégrer momentanément cette règle de politesse, et deuxièmement parce qu'elle était d'humeur songeuse et pas vraiment les pieds sur terre, comme absente, pensante ou songeuse.

Miles soupira légèrement, l'attente de son deuxième verre semblait incroyablement longue, à croire que la vieille serveuse voulait le faire tourner en bourrique l'espace de 5-10minutes. Mais, si elle espérait le voir s'énerver, s'était raté, et pas qu'un peu. Tout simplement, accompagnant son soupir, l'une de ses main vint se poser sur son menton, le coude sur le rebord du comptoir. Il fixait alors le haut dudit comptoir sur lequel l'on pouvait distinguer une vieille horloge rouillée qui ne fonctionnait même plus. Juste en dessous, se trouvait une grande étagère en verre avec une myriade de verres et de bouteilles d'alcool. Sans nul doute le seul trophée conséquent que pouvait arborer cette taverne. Et, pendant qu'il observait cela, il sentit alors un couple de trentenaire, déjà à moitié sous, venir s'installer à ses côtés, au pied du bar. Ces derniers rigolaient et lachaient diverses énormités qui donnaient la sensation à Miles que le temps passait encore plus lentement. Le temps, cette notion si étrange qui pouvait s'écouler à la fois d'une manière si rapide que votre vie semblait glisser sous vos pieds sans que vous puissiez y faire quoique ce soit et, paradoxalement, savait aussi se montrer si lent que vous ressentiez une sensation d'être figée sur place et de faire partie du décor d'un présent, ou encore d'un passé, qui n'était guère reluisant...

Bref, son verre arriva tout de même en étant, à nouveau, posé de manière assez brutale, le choc du récipient sur le comptoir venant alors une nouvelle fois sortir Miles de son état de torpeur. Ce dernier secoua même légèrement la tête, l'air de dire 'non, ne vous en faites pas, je dormais pas'. Sans grande conviction, il accorda un nouveau hochement de tête à la serveuse pour la remercier alors que cette dernière retournait vaquer à d'autres clients, se moquant éperduement des marques de remerciement de notre jeune ami. Mais, quoiqu'il en soit, ce dernier n'y prêta pas trop attention, se contentant simplement de venir saisir, de son autre main encore libre, son deuxième verre d'amaretto pour le porter à nouveau à ses lèvres mais, rapidement, une jeune demoiselle au parfum sucré vint interrompre ce mouvement en le toisant d'une question sur la cigarette. Lorsqu'il entendit cette voix, il comprit alors qui elle était et, de ce fait, les raisons pour lesquelles il s'interrogeait sur la présence de l'inconnue dans ce bar. Il reposa alors son verre sur le bar tout en venant tourner son regard vers elle, ses pupilles bicolores se plongeant alors dans les yeux chocolats de la jeune femme. Lui même, sans savoir pourquoi, se mit à sourire légèrement en la voyant.

"Oui... Je ne fume pas en ce moment et, surtout, je ne fume pas pour les junkie's..."

Répondit-il simplement, sans entrain et, aussi, sans montrer une quelconque exaspération de devoir faire la causette à cette femme. Cette dernière cela dit, rajouta bien vite qu'elle avait passée une bien mauvaise journée. Le jeune homme acquiesca alors simplement avant de venir pointer sa man en direction du seul tabouret encore libre à ses côtés.

"Oui, je ne vous le fais pas dire... Je vous offre un verre?"

Contrairement à tous ces machos habituels qui semblaient avoir un déréglement hormonal en voyant cette ravissante jeune femme, l'on pouvait sentir dans la voix de Miles qu'il ne l'invitait pas à boire un verre pour venir la draguer ou encore se vanter de ses exploits. Non, c'était une simple proposition comme s'ils étaient tous deux amis. Bien que c'était loin d'être le cas. Mais, cela dit, même si elle ne voulait pas se l'avouer, le fait qu'elle vienne tout de même à sa rencontre, cela signifiait sans nul doute qu'elle devait avoir un peu d'intérêt pour lui et, ça, il voulait comprendre pourquoi. Puis, aux yeus de Miles, elle aussi éveillait un certain intérêt chez lui, sans qu'il ne comprenne pourquoi. Peut-être sa manière d'être, ou d'agir ou encore de parler. Elle avait ce côté intéressant qui remplaçait le côté futile, traditionnelle, que l'on trouvait chez les femmes habituellement. Bref, c'était un mystère cette jeune femme.

"Au fait, je ne connais toujours pas votre prénom..."

Termina-t-il en détournant finalement son regard de la belle inconnue pour venir saisir son verre d'alcool et, enfin, s'en délecter d'une délicieuse gorgée. Une gorgée aussi chaude et sucré que la toute première et qui faisait ressentir à notre mercenaire le même sentiment de satisfaction qu'il avait pu éprouver quelques instants plutôt...

July hésita un instant avant de s'asseoir à ses côtés, se demandant si finalement, le regard envoûtant de Miles Standford n'était pas la seule et unique raison pour laquelle elle était venue le voir, tant elle avait du mal à s'en détacher... Les regards... Son point faible sans aucun doute. Les yeux avaient ce pouvoir enchanteur et merveilleux de pouvoir capter ceux des autres, et alors un contact était établi entre deux personnes, à leur insu ou de leur plein gré. En l'occurence, c'était plutôt à leur insu...

Finalement, se poser sur ce tabouret n'engageant à rien, la jolie brune prit place, et se vit offrir un verre par ce même jeune homme qu'elle venait d'aborder.

"Non... Merci c'est gentil, je n'ai pas soif..." répondit-elle alors.

C'était la vérité. Son chocolat chaud (qui n'était pas chaud xD) avait suffisamment désaltéré sa gorge, et accepter un verre de la part d'un inconnu avait toujours été une source de confusion chez elle. Accepter l'offre d'une personne signifiait lui être redevable. Et c'était un sentiment que July détestait du plus profond d'elle-même... C'était ainsi et personne ne pouvait sans doute la changer... D'un autre côté, en de pareilles circonstances, elle se sentait un peu ridicule de refuser. Elle ne reverrait probablement jamais Miles Standford, et cet acte ne l'engagerait donc à rien. Trop tard... Elle avait répondu. La vie déroulait encore son fil aux multiples noeuds... Trop de noeuds, trop d'ennuis...

Puis le jeune homme tourna la tête vers elle pour lui demander son nom. A cette question, July ne put s'empêcher de sourire franchement, et son regard chocolat se mit à étinceler de malice... Il avait raison, elle avait tout de même réussi à entretenir le mystère jusque là, et sans savoir pourquoi, cette simple question la mettait en joie.

"Tout juste, Miles..." répondit-elle en insistant sur le "Miles", bien qu'elle ait l'impression qu'il savait déjà qu'elle le connaissait déjà.

"Moi c'est July. Avec un 'y' " rajouta la jeune fille sans cesser de sourire.

Un étrange sentiment venait de s'emparer d'elle. Un sentiment oublié depuis des lustres. Elle était heureuse... Cela pouvait paraître futile et inutile, mais ce genre de sourire n'avait pas eu l'honneur d'embellir ses lèvres depuis longtemps ! Plus détendue, July s'appuya sur le comptoir en croisant les jambes, se demandant avec une certaine inquiétude si Miles Standford connaîtrait son nom. Normalement non... Le fait qu'il le connaisse pourrait s'avérer inquiétant ou... flatteur ? Après tout "July" était un nom des plus communs, pourquoi s'inquiéter ? Il était étrange de s'inquiéter pour une broutille... Comme si la présence de Miles, après l'avoir réjouie, l'intimidait...

Un échange de regard qui semblait à la fois long et fuyant. Les secondes semblaient se détraquer entre le fait de défiler à une très grande vitesse ou alors à se figer totalement pour laisser à ces deux jeunes gens tout le loisir de ce dévisager de leur regard pour l'une, si envoutante avec cette couleur chocolaté qui semblaint sans fond et insondable, et pour l'autre, un savoureux mariage de vert et de marron qui, séparé en deux pupilles distinctes, ne cessait de donner cette impression de percer le plus grand des secrets de ce monde par un bref coup d'oeil. Autrement dit, un échange visuel que l'on ne pouvait rencontrer tous les jours. En quelque sorte, la magie d'un instant volé au destin et qui ne se reproduirait peut-être jamais. Aprés tout, ledit instant volé, une fois que l'on venait de le vivre, il n'était plus un mystère ou une découverte, même s'il se reproduisait. Ce qui expliquait finalement la raison de cette sorte de détraquement temporel vécu par nos deux chers individus. Mais, comme le dit si bien un proverbe, toutes les choses ont une fin, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Mais dans le cas présent, Miles n'envisageait pas ca du mauvais côté de ladite chose.

Elle décida alors de s'asseoir, un bon point, enfin, façon de parler, disons que, au moins, cela voulait dire qu'elle n'était pas contre un petit moment passé avec Miles. Attention, il ne fallait pourtant pas s'y méprendre, notre jeune ami n'attendait rien de July, non. Cela fait même bien des années qu'il n'attend plus rien de personnes... Enfin, il s'était surtout montré poli à son égard et, de plus, une fois que Miles avait décidé de satisfaire sa curiosité, il pouvait paraître tel un homme plus que convenable, qui aurait reçu la meilleure éducation du monde. Bon, certes, cela était peut-être exagéré dans le sens où, physiquement et, par le comportement, il restait plus que fidèle à lui-même. Autrement dit, l'air un peu ailleurs, rêveur et légèrement absent. Le bras qui tenait sa tête s'était tout de même enlever de son menton pour venir se poser avec légèreté sur le bar. Pendant qu'il s'exécutait, il n'avait pas croisé le regard de cette demoiselle, en profitant alors également pour venir reposer son verre sur le survêtement rougeâtre du bar.

Très poliment, c'est alors qu'elle vint refuser la proposition de prendre un verre. Il n'en fut pas spécialement choqué ou heureux. Bon, d'un côté ca l'arrangeait car, c'est vrai qu'il ne lui restait plus qu'une mince dizaine de dollards pour manger et boire pendant... on ne sait combien de jour. Cela dit, pour un verre, on était pas à deux trois dollards prés non plus. Mais bref, passons au plus intéressant. Autrement dit, la découverte proprement dite de l'identité de la jeune femme. Son regard posé sur elle, Miles ne bougeait pas, répondant légèrement à son sourire, semblant surtout poli au début. Ce n'était pas pour être irrespectueux envers elle mais, cela venait de son passé comme expliqué précédemment. Il ne souhaitait plus s'attacher à quique se soit et, préférait mettre des freins ou des barrières à un quelconque contact qui pourrait s'avérer être amical. Néanmoins, depuis le temps, les freins en question devaient être rouillés et, il était sans nul doute évident qu'une personne avisée pourrait venir les faire céder avec un peu de patience.

"July...?"

Reprit-il alors avec un léger haussement de sourire qui, lui, fut franc. Comme quoi, ce qui a été dit une ou deux lignes au dessus n'est pas de la foutaise.

"July... La dame au parfum sucré et envoutant..."

Reprit-il une nouvelle fois en revenant saisir son verre d'amaretto, ayant alors détourné son regard de ladite July. Il ne retombait plus sur son nom de famille mais, plusieurs coincidences faisaient qu'il s'était mis alors à supposer qu'elle devait correspondre à cette ténébreuse demoiselle qui travaillait dans la mafia des prostituées, si l'on peut dire ca. Des ragots parlaient d'une jeune femme au regard sombre et à la grande beauté qui envoûtait ses victimes à l'aide de son parfum unique et sucré avant de les plonger dans un long sommeil empoisonné pour les faire disparaître. En repensant à cela, Miles avait déjà bu sa nouvelle gorgée et reposé, encore et toujours, son verre sur le comptoir. Mais, cette fois, en accompagnant ses gestes d'un sourire avant de se retourner à nouveau vers elle.

"C'est un plaisir pour moi de faire enfin votre connaissance, chère demoiselle chez qui beauté rime avec danger et où le parfum le plus délicieux peut cacher l'odeur d'une effroyable et brutale disparition..."

Miles avait joué subtilement sur les mots afin de relever l'identité de la jeune femme. Cette dernière en serait flattée, vexée, ou même les deux. Mais bon, ce qui était dit, était dit et Miles n'en n'avait aucun regret. De plus, aucun autre client, mis à part elle, ne semblait avoir attendu ses propos donc, que demander de mieux puisque la discrétion avait été observée comme il se devait...?

En entendant son prénom répété à deux reprises, July s’apprêta à répondre d’une voix qu’elle aurait voulue sournoise et teintée d’ironie comme il se doit, qu’elle le félicitait amplement de son merveilleux exploit… Avoir en effet retenu les quatre lettres qui faisaient d’elle ce qu’elle était, n’était-ce pas incroyablement inattendu et extraordinaire ? En si peu de temps de surcroît ! Mais la jolie brune n’eut pas le temps, à son grand regret, de prononcer le moindre mot car Miles Standford venait d’y ajouter les siens… En une phrase à peine, ce jeune homme pouvait se vanter d’avoir réussi ce que pas un humain de ce monde n’avait fait : troubler la jeune fille qu’elle était et surtout son esprit de prédatrice redoutable… Tant d’hommes l’avaient déjà tant complimentée sur son corps, sur son intelligence, sur des choses qui avaient au fil du temps paru ‘normales’… Mais lui venait de mettre l’accent sur la chose qui lui tenait sans doute le plus à cœur, si étrange que cela puisse paraître… Son parfum… « Sucré et envoûtant » avait-il dit. Envoûtant…

Les mots qui suivirent alors l’achevèrent. Cet inconnu venait de lui offrir le plus bel éloge qu’il puisse exister, un éloge si obscur et mystérieux mais si charmant et tentant que July ne savait plus quoi dire, allant même jusqu’à regretter un peu ses pensées précédentes à l’égard de Miles. Elle était stupéfaite pour de multiples raisons. Il avait tant choisi avec précaution ses mots que vu de l’extérieur, un étranger n’y aurait vu qu’un drôle de galimatias maladroit. Elle, en revanche, savait désormais qu’il savait, qu’il la connaissait, ou tout du moins en réputation. Et la réputation, parlons-en ! Etait-ce ainsi que l’on la connaissait ? Ces ragots la faisaient passer pour une femme fatale aussi dangereuse que belle… A la limite de la monstruosité, comme une enchanteresse, une magicienne qui faisaient disparaître les corps de ses ennemis après les avoir torturés. Elle ! Torturer ! C’était encore la meilleure… On lui reprochait tant de ne pas avoir assez de cran et de « style saignant », de conduire ses victimes sur un plateau d’argent posé sur le coussinet rouge en velours, lui-même contenu dans un carrosse doré dont les vaillants destriers d’un blanc éclatant et lumineux seraient en réalité des anges métamorphosés en… Stop ! July le savait, elle était trop douce. Quand on ne le lui disait pas en face, on le chuchotait dans son dos ou encore on ne le laissait que sous-entendre par des regards plus qu’appuyés. Mais que pouvait-elle faire ? Elle était ainsi… Désespérante… Afin de briser le silence qui s’était installé, la jolie brune commenta en maugréant dans la si jolie barbe qu’elle n’avait pas :

« Disparitions ‘effroyables’… Personne n’y était, que je sache, hormis mes victimes… J’agis seule. Et ‘brutales’ ! Moi qui essaie d’épargner à mes cadavres le doux et tendre supplice de la noyade dans leur propre sang en leur offrant une fin la plus digne et honorable possible… Dire qu’on me trouve trop gentille dans le milieu, et vous rapportez des rumeurs qui me… »

July s’interrompit et serra brièvement ses poings. Ainsi quoi qu’elle fasse, jamais elle ne serait ce que l’on attendait d’elle. Pitoyable… Dissimulant rapidement sa colère et sa déception vis-à-vis d’elle-même, elle rajouta pourtant :

« Mais merci pour les compliments… Mon parfum me charge d’ailleurs de vous adresser ses plus sincères salutations et remerciements pour vos adjectifs si adaptés à son égard… »

Cette maigre tentative d’humour pour rafraichir l’ambiance allait peut-être tomber à plat, sans doute, mais cela lui permit d’arrêter de fixer ses mains pour croiser le regard de son interlocuteur… Il eut même la chance de la voir sourire sincèrement et presque timidement. Ayant cependant peur de se laisser égarer et noyer dans les prunelles de l’homme qui l’avait tant captivée auparavant, July laissa sans réfléchir ses instincts de prédatrice tentatrice reprendre le dessus, et elle se leva de son tabouret pour se rapprocher de lui, de sa démarche lente et féline, mêlée à un soupçon de provocation au cœur de son regard chocolat. Alors, avec une douceur des plus sensuelles, elle se colla délicatement contre lui pour lui murmurer à l’oreille ces quelques mots qu’elle regretterait sûrement par la suite :

« Si vous me trouvez aussi belle que dangereuse… J’aimerais vous poser une question… Avez-vous peur du danger ? »

Les mots avaient glissé seuls à travers ses lèvres rouges, s’échappant de leur si jolie prison sans qu’elle ne puisse les retenir, comme s’ils n’avaient rêvé que de cela depuis bien longtemps… C’était une tentative osée mais après tout, il savait maintenant qui elle était, ce qu’elle faisait et surtout il avait réussi à la… séduire, d’une certaine manière puisqu’il l’avait déstabilisée… July s’avouait un peu charmée et sans le quitter du regard, elle venait de lui offrir l’opportunité de racheter l’arrogance de leur première rencontre… Saisirait-il sa chance ou bien la rejetterait-il ?

Et oui, sans le savoir, Miles venait de troubler la jeune femme fatale qui se trouvait face à lui. Pourquoi? Tout simplement car, effectivement, contrairement à la plupart des hommes, Miles savait apprécier et complimenter des choses qui pouvaient sembler simple, même sans intérêt mais qui étaient tout de même comprise dans le trésor de la personnalité de tout être vivant sur cette terre. Et puis, de toutes manières, qu'elle soit belle, sexy et autre, oui, elle l'était. Mais un compliment possède-t-il seulement encore de l'impact lorsqu'il est si banalement utilisé...? Malheureusement non, et notre jeune ami le savait. Néanmoins, ce n'est pas pour autant que le mercenaire pensait l'avoir toucher en plein coeur, bien loin de là. Ce qu'il était, c'était sincère avant tout et, cela, même s'il avait usé d'une certaine poésie pour déguiser ses mots. Comme quoi, l'honnêteté pouvait causée la plus grande des souffrances comme le plus grand bonheur une fois qu'elle était livrée à une personne.

Cela dit, la suite de ses propos semblaient laissé July perplexe. En effet, elle ne paraissait pas le montrer clairement mais, néanmoins, Miles savait qu'il avait touché une corde sensible. Il est vrai que miss Myny avait la réputation de parfois être faible, voir maladroite mais, aussi, de paraître assez douce face à ses victimes, ne les faisant pas souffrir trop longtemps. Alors pourquoi l'avait-il qualifiée de la sorte? Pour la provoquer? La perturber? Hum... On pourrait dire que oui. Cela dit, Miles était le genre de personnes à ne pas prendre les ragots de la rue pour argent comptant, de ce fait, il se demandait si cette délicieuse femme fatale était donc, oui ou non, cet être un peu ambigu tel qu'on la décrivait. Naturellement, la jeune femme ne tarda pas alors à répondre à son tour et à, visiblement, apporter quelques précisions aux dires de notre jeune ami. Ce dernier restait calme et fixait toujours July de son regard si mystérieux et peu ordinaire. Il lui aurait d'ailleurs bien répondu aussitôt mais, la chère demoiselle ne lui laissa pas trop le temps.

Bon, Miles, si tenter qu'il l'ai troublé ou non, n'avait donc, une fois de plus, pas choisit les bons mots face à son interlocutrice. En même temps, il n'était guère habitué et doué avec les jeunes femmes. La seule avec tout s'était réalisé naturellement était sa défunte fiancée et, d'une certaine manière, leur point commun était de ne pas trop s'en sortir avec les personnes du sexe opposés. Mais là, avec July, tout était différent. Ne fut ce que par sa tenue ou sa manière de se tenir, il savait pertinnement qu'elle était habituée au milieu de la nuit et au plaisir de la chair. L'une de ces grandes femmes désirables et s'étant élevées bien au delà du maigre statut de prostituées. Il ne la jugeait pas pour cela, bien au contraire. Néanmoins, sa manière de s'y prendre devait paraître des plus ridicules pour elle. Tout du moins, c'est ce qu'il pensa et, également, le troubla. Car, en réalité, il ne cherchait pas spécialement à lui plaire. Mais, s'il ne le souhaitait vraiment pas pourquoi alors se poser la question de savoir s'il assurait ou non.

"Ecoutez July, si je vous ai offensée d'une quelconque manière, croyez bien que j'en suis vraiment navré... Je ne voulais pas mais bon, on est comme on est et on ne se refait pas..."

Répondit-il finalement d'un ton pour le moins ironique en ce qui concernait ces dernières paroles. Visiblement il ne semblait pas avoir pris attention aux remerciements de July, bien qu'il les avait clairement entendus. En réalité, il ne s'était simplement contenté d'y répondre que par un léger hochement de tête accompagné d'un fin sourire sincère, eplis de bonnes intentions.

Tout d'un coup, Miles remarqua alors que le café s'était rempli un peu plus, une salle bouillante de monde les entourant alors maintenant. Cela dit, ce bref coup d'oeil lui causa une grande surprise lorsqu'il se reposa sur July. Cette dernière venait en effet de se relever pour s'approcher de lui tout en plongeant son regard chocolaté et à la fois ténébreux dans celui de notre jeune homme. Lui semblait rester assis calmement, son regard tentant d'absorber celui de la belle pour essayer de comprendre ce qu'elle attendait de lui. Le désirait-elle? Le voulait-elle pour lui? Pour cette nuit? Si c'était le cas, Miles n'avait pas trop le coeur à dire non mais, paradoxalement, il ne la laisserait pas se laisser aller à une simple nuit de débauche avec un inconnu qui l'avait simplement troublé. Oh non, bien loin de là. Pourtant, lorsqu'il la regardait, se déplacer ainsi avec cette grâce à la fois si sensuelle et si féline tout en dévorant se regard plein de malice, Miles oubliait son passé et la souffrance de l'être cher qu'il avait alors perdu...
Mais les choses restent toujours compliquées n'est ce pas?

Voilà qu'elle venait alors lui murmurer à l'oreille une sorte d'interrogation mêlant beauté et danger. En tendant cette voix suave et pourtant délicate, il ne pu retenir un léger sourire, tantôt charmé, tantôt amusé par l'attitude de la jeune femme.

"Je ne crains pas le danger, je ne crains plus la mort... Je vis dans un rêve d'où je ne me réveille jamais..."

Répondit il alors dans un premier temps de sa voix légère et semblant plus concerné par la situation. Dans ce genre de moment, ladite voix changeait alors totalement de timbre, devenant alors plus clair, plus légère et presque plus charmante pour la demoiselle à qui il s'adressait. Cela dit, ce n'est pas pour autant que la suite de ces propos allaient être du domaine de la douceur et de la sensualité dont July venait de faire preuve.

"Je suis touché par l'intérêt que vous semblez me porter et, dire que vous ne m'intéressez pas serait mentir... Cela dit, passer une simple nuit de passion qui s'évanouierait dés le premier rayon du soleil, ca ne me dit rien..."

Il se redressa alors, venant saisir son verre d'amaretto pour le vider cul sec avant de le redéposer aussitôt sur le comptoir tout en y déposant cinq dollars, pourboire compris, pour l'addition. Sans un regard à July, il lui tourna alors le dos, reprenant alors cette marche qui le caractérisait temps, tout en se dirigeant vers la sortie du café. Attention, elle pouvait le suivre et, peut-être le ferait-elle surement mais plus énervée que ravie par l'attitude de ce cher Miles Standford qui, peut-être sans qu'elle s'en rende compte, venait de lui faire un compliment de manière subliminale en proclamant de manière déguisé que pour lui, elle n'était pas qu'une simple femme qui se donne l'espace d'un soir contre une certaine somme financière ou non...

Il l'avait rejetée... D'un autre côté, July ne pouvait prétendre de ne pas l'avoir su au moment où les mots tentateurs s'étaient envolés au-delà de ses lèvres rouges... Si cet homme avait réussi à la destabiliser, c'est qu'il n'était pas comme les autres. Il réagissait donc à l'opposé de toute réaction masculine normale. Elle s'y était en partie attendue. Mais elle l'avait fait, c'était proposé, et maintenant elle n'irait pas lui courrir après. Ce serait à lui de la recontacter de nouveau si jamais il en éprouvait l'envie quelconque. Après tout elle avait fait le premier pas ce jour-là, et c'en était fini de son côté.

Silencieuse, la jolie brune regarda Miles Standford partir, puis son visage pâle cachant toute émotion, elle se retourna vers le comptoir et demanda un autre chocolat chaud, qui ne tarda pas à venir se retrouver au creux de ses mains, les réchauffant d'une douce chaleur sucrée et chocolatée, tandis que la fumée qui s'en dégageait venait lui chatuiller les narines. Profitant de cet instant qu'elle affectionnait tant, July avala lentement une gorgée, savourant... Ses pensées vagabondaient, ne sachant que penser justement, ne sachant dire si elle était déçue, heureuse, triste ou n'importe quoi. Il lui semblait qu'elle restait indifférente face à ce départ qu'elle avait tout de même jugé comme trop tôt. Mais c'était plus une pointe de vexation qui pointait dans son coeur. Car si cet homme avait été le premier à la troubler, il avait également été le premier à refuser sa proposition...

Terminant son chocolat chaud, la jolie brune paya puis enfila sa veste noire et sortit du café comme elle y était entrée quelques minutes auparavant, se promettant de ne plus jamais montrer quelque attention envers ce Miles Standford, qui malgré le fait qu'il sache parler n'avait osé montrer qu'une maigre attention envers elle. C'était ainsi, et cette rencontre l'avait finalement mise en colère, bien que son visage froid nen reflète rien. Seuls ses deux pépites de chocolat semblaient bouillir dans ses yeux... Sa silhouette encapuchonnée disparut alors à l'horizon, dans la foule qui commençait à s'accumuler devant la mairie à côté...

TOPIC TERMINE

» Miles Standford [ attend sa validation ^^ ]
» [fini] Devant le QG
» [fini] Importante transaction
» [fini] Etrange promenade